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Parcours d’artiste : rencontre avec Nancestpasoim

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Parcours d’artiste : rencontre avec Nancestpasoim Posted on 11 août 2020

Tour d’horizon des jeunes artistes, pour ce deuxième article nous avons rencontré Nancestpasoim. « Décorateur multi surface » comme il se nomme sur son compte Instagram. Si vous êtes Nantais, vous avez pu apercevoir cette suite de figures géométriques au détour du skate-park à Hôtel-Dieu ou encore sur la vitrine du Curieux Coffe Shop, allée Jean Bart. Nancestpasoim, arrivé depuis quelques-temps à Nantes, décore la ville de ses symboles. Ce jeune artiste originaire de Chinon a un style bien affirmé et beaucoup de projets dans la tête. Rencontre avec Nancestpasoim.

Pourquoi ce pseudo Nancestpasoim ?

Je tiens à préserver mon anonymat et ce pseudo Nancestpasoim vient d’abord d’une blague entre potes quand je graffais. Je me disais si un jour je me fais chopper, je dirais « non c’est pas oim ».

Quel est ton parcours ?

Je suis sortie du système scolaire à l’âge de quinze ans. J’avais commencé un apprentissage en boulangerie, je me suis vite rendu compte que ce n’était pas ce que je voulais faire de ma vie. Je me suis réorienté en bac professionnel « Enseigne et Signalétique », histoire d’avoir un diplôme. Pendant ces années, j’avais des cours d’arts-appliqués, c’est là que j’ai nourri une véritable passion pour l’art, j’ai su que c’était ce que je voulais faire. J’ai eu la chance d’avoir un professeur d’arts-appliqués qui m’a motivé. Il m’a fait exposer dans des endroits en Auvergne, où je n’ai même pas vu l’expo.

Quelles ont été tes premières expositions ?

J’ai commencé à exposer sérieusement mon travail une fois arrivé à Nantes. Une première fois au Curieux Coffe Shop à place du Commerce, dans le centre-ville de Nantes. J’ai décoré la Ronin Friperie en dessinant sur les cabines d’essayages, les canapés ; et sur les platines à la Safe place. Ce que j’aime là-dedans c’est que ça dépasse le cadre de l’exposition classique, ici c’est définitif. Ça me plaît mieux qu’une série de dessin.

Exposition en cours au Curieux Coffe Shop à place du Commerce Nantes, Nancestpasoim

Quand on pense à l’histoire du street-art, c’est plutôt une forme d’art engagé, pourquoi tu as voulu poursuivre là-dedans  ? Et, pourquoi tous ces symboles ?

Je ne me pose pas la question de l’engagement, pour moi l’élément urbain c’est comme si c’était une feuille de papier, je le fais pour mon plaisir aussi. Le street-art c’est avant tout pouvoir s’approprier n’importe quel endroit de la ville. En quelque sorte, le street-art sous-entend que ce qui nous entoure peut nous appartenir. Il y a une forme de liberté là-dedans qui me plaît.

Je suis fasciné par tout ce que je ne comprends pas, soit les langues étrangères, les symboles Mayas, les Hiéroglyphes, langues anciennes… Derrière mes symboles, je n’ai pas de significations particulières, chacun est libre d’interpréter ce qu’il veut. Je trouve cette démarche intéressante. Puis si les gens sont vraiment curieux et se creusent la tête pour essayer de comprendre ces messages, tant mieux !  Pendant le confinement, j’avais créé un abécédaire. Le soir même j’avais reçu le message d’une amie qui avait réussi à déchiffrer la phrase cachée derrière ma suite de symboles. Ça m’a beaucoup amusé et je me réjouis que des personnes soient aussi intéressées et motivées pour déchiffrer ce que je fais.

Quelque part, cette incompréhension dans les symboles elle se raccroche aussi à ce non-sens dans notre monde. Les choses sont faites aujourd’hui à contre-courant, personne ne comprend réellement les agissements de cette société.

Guinguette de Vincent Gâche à Nantes, Nancestpasoim

Est-ce que tu penses que les réseaux sociaux permettent de donner plus de visibilité aux artistes ?

Moi je ne suis pas contre après c’est aussi pour ça que j’éprouve des difficultés à me définir en tant qu’artiste. L’artiste n’est pas censé se donner de la visibilité. Par exemple, pour Instagram j’ai mis beaucoup de temps à mettre des #, mais je sais que pour le tatouage beaucoup d’artistes tatoueurs fonctionnent par ce réseau. Après dire que la création d’un artiste par Instagram est possible…oui, mais je pense que parfois ça dénature la démarche. Il faut savoir vivre avec son temps.

Skate-park Nantes, Nancestpasoim

Quelles sont tes inspirations ?

Dubuffet que j’ai découvert pendant mes cours d’arts appliqués. Il a commencé l’art assez tard, j’aime bien sa démarche. Il dessine des formes, des choses assez abstraites. Il m’a vraiment marqué et c’est un artiste qui m’a influencé pour la suite. L’ androgynette, la tatoueuse avec qui je travaille, m’a dit que mon style lui faisait penser à cet artiste d’ailleurs.

Keith Harring que j’ai découvert enfant par la collection de verre chez Quick. C’est horrible comme référence, mais mon père m’ emmenait à Quick en fin de semaine, je me souviens de cette série de verre avec les dessins de Keth Harring. Depuis, je les ai toujours conservé chez moi, inconsciemment je pense qu’ils m’ont inspiré. On ne va pas dire merci Quick, mais merci Keith Harring !

La bande dessinée également, c’est par cette lecture que j’ai commencée à apprécier le dessin. Mon père est un grand collectionneur de bandes dessinées. J’aimais beaucoup Boucq, Enki Billal, c’est vraiment ma première approche du dessin.

Quels sont tes projets pour la suite ? Vers quoi as-tu envie d’évoluer ?

Depuis plus d’un mois, je suis apprenti au salon de tatouage « la Main d’ œuvre » avec la tatoueuse L’ androgynette. L’univers du tatouage m’intéresse depuis mes dix-huit ans. J’ai eu la chance pendant le confinement de discuter avec une tatoueuse que j’ai toujours admirée depuis mes vingt-ans, « L’ androgynette » . Elle m’a beaucoup parlé de mon travail et m’a proposé d’être son apprenti . Du jour au lendemain je me suis retrouvé dans le monde du tatouage. Je vois le tatouage comme une nouvelle forme d’exposition de mes dessins. Je me dis qu’avec les clients que j’aurai (en croisant les doigts ) dans le futur, ce seront « des œuvres » uniques qui ne seront pas effacées. C’est un aboutissement qui me plaît mieux que les galeries.

J’ai également un autre projet sur la table, la décoration d’un ancien cinéma, proposé par Big City Life (web média Nantais) et une nature morte avec le collectif Bohem. Pour ce projet, je leur ai proposé de faire une nature morte en dessinant sur des objets de récup’. J’ai pris un mur, un extincteur, une chaise cassée et j’ai redessiné dessus. Je leur ai proposé de créer une pièce de vie et de faire une performance devant les spectateurs.

Performance pour le collectif Bohem à Nantes, Nancestpasoim.

Vous pouvez retrouver les œuvres de Nancestpasoim au Curieux Coffe Shop pour un mois ou sur son compte Instagram.

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