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L’impossibilité de la planification économique

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L’impossibilité de la planification économique Posted on 1 avril 2020

Le monde traverse aujourd’hui une lourde épreuve en raison de la pandémie de Covid-19. Des pays développés ainsi que certains en voie de développement luttent tant bien que mal, certains avec des résultats plutôt encourageants. Cependant, d’autres, en dépit de leur puissance économique et politique, tel que la France peinent à sortir la tête de l’eau.

En effet, comment la sixième puissance mondiale, avec un système de santé qu’une partie du monde nous envie et qui fait notre fierté a pu se retrouver dans un marasme pareil ? Comment un pays avec des moyens financiers aussi importants et une position géographique aussi éloignée de l’épicentre de la pandémie a pu se retrouver dans une situation pareil et arrive à des résultats bien plus faibles que des pays encore plus proche économiquement et géographiquement de la Chine tel que la Corée du Sud, Taïwan ou Singapour ? Nous tenterons de répondre ici à ces questions.

Le bilan en France s’élèverait à 2606 morts dans les hôpitaux, ce qui ne comptabilise pas les morts en EHPAD où au sein de leur domicile, contre 152 en Corée du Sud. De plus, le premier est actuellement frappé par une pénurie de matériel médical là ou le second a maîtrisé la situation en quelques mois. Qu’est ce qui peut donc expliquer un tel écart ?

Au sein des partis et des syndicats de gauche comme de droite, on justifie cette mauvaise gestion de la crise par des années de politiques «néolibérales » qui auraient cassé le service publique. C’est donc ainsi que ce ces derniers réclament plus de moyen pour les hôpitaux, ce qui se traduirait par une augmentation des recettes de l’État, notamment par le rétablissement de l’ISF tel que le gouvernement Rocard l’avait mis en place en 1989, et qui fut remplacé par l’IFI sous le gouvernement Philippe. En d’autre terme, ces derniers réclament une plus grande mainmise de l’État sur le domaine de la santé.

Le système français, un modèle « néolibéral » ?

Or, si on se penche de plus près dessus, le système de santé français est bien loin de la conception libérale. En effet, l’ensemble des activités hospitalières sont régis par les Agences Régionales de Santé, qui viennent à faire de l’ombre aux directeurs des établissements hospitaliers. Là où ces derniers sont les principaux pilotes des activités de leurs établissements dans un système libéral, le système français repose quant à lui sur un principe de planification économique. L’Histoire nous a plusieurs démontré que ce processus est incontestablement voué à l’échec, comme les exemples des politiques soviétiques, maoïstes ou castristes nous l’ont mainte fois démontré. Cela peux s’expliquer de la façon suivante : une société ne peut fonctionner que par l’interaction libres des divers acteurs à la plus petite échelle possible, afin d’évaluer le mieux possible les besoins de chacun. Cette théorie était déjà connue au XVIIIème siècle comme en témoigne la citation de Turgot :« parce que, pour le diriger sans le déranger et sans nuire à soi-même, il faudrait pouvoir suivre toutes les variations des besoins, des intérêts, de l’industrie des hommes ; il faudrait connaître dans un détail qu’il est physiquement impossible de se procurer, et sur lequel le gouvernement le plus habile, le plus actif, le plus détailleur, risquera toujours de se tromper au moins de la moitié…Si l’on avait sur tous ces détails cette multitude de connaissances qu’il est impossible de rassembler, le résultat en serait de laisser aller les choses précisément comme elles vont toutes seules, par la seule action des intérêts des hommes qu’anime la balance d’une concurrence libre. ». La planification, parce qu’elle découle d’une autorité centrale, ne peut prendre en compte les besoins immédiats de tout un territoire, tant les données changent rapidement et le traitement administratif est long et laborieux. Cela s’est vu lors de l’envoi de 17 tonnes de matériels à destination de la Chine en mi février, qui s’est soldé par la suite par la pénurie que nous connaissons, car les autorités centrales n’ont pas pu anticiper les changements ayant eu lieu entre cette période et la nôtre et ainsi adapter la production du matériel manquant.

Les mécanismes de marché, le secret de la résilience sud-coréenne

La Corée du Sud possède l’un des systèmes les plus performants des pays de l’OCDE. Si ce dernier possède un système de santé universel, l’immense majorité des établissements médicaux (96% d’entre eux, ce qui représente 90% des lits disponibles) dépendent du secteur privé. Ainsi, ces établissements sont donc gérés par leurs directeurs, et les décisions prises localement selon le principe de subsidiarité. Cette prise en charge décentralisée a donc permis aux institutions d’éviter la pénurie par les systèmes de prix, d’offre et de la demande, ce qui a permis d’orienter la production de ces biens. De par leurs moyens et leur gestion équilibré de leur budget, les hôpitaux ont été en mesure de dépister rapidement et efficacement leur population. Enfin, les mesures de confinement ont été strictement respectée. Certains explique cela par la discipline propre à l’asiatique. Or, cette vision plutôt simpliste est à nuancer. En effet, si la population coréenne est aussi disciplinée, c’est en grande partie grâce au climat politique et économique du pays. Comme nous l’avons évoqué mainte fois, la Corée du Sud est un pays libéral tant sur le plan politique qu’économique. Ainsi, la responsabilité individuelle est de rigueur. Dans un pays où les individus doivent en partie s’assurer eux même et où l’on doit payer les médecins avant les consultations, la prévoyance et la tempérance sont de rigueur.

En dépit de ressources financières nettement inférieures à la France (un PIB de 1619,424 Millions de dollars américains, dont les recettes fiscales correspondent à 28,5 de celui-ci contre 2777,535 pour 46,1% de celui-ci pour la France), la Corée du Sud a su mieux gérer cette crise que la France. Cela nous montre bien que la question des moyens pour la santé ne dépendrait peut être pas de la fiscalité, mais de la dépense et de la gestion du budget. La question est de savoir si notre gouvernement ainsi que les suivants retiendront la leçon de cette crise.

Sources :

https://www.ars.sante.fr/le-plan-triennal-ondam?parent=4189

http://www.oecd.org/fr/ctp/statistiques-des-recettes-publiques-25227092.htm

https://databank.worldbank.org/data/download/GDP.pdf

https://www.lci.fr/politique/coronavrius-la-france-a-t-elle-envoye-a-la-mi-fevrier-17-tonnes-de-masques-et-de-materiel-medical-vers-la-chine-2148148.html

https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/coronavirus-voici-les-dix-mesures-qui-ont-permis-la-coree-du-sud-de-contrer-l-epidemie-6794717

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