Avec l’arrivée du COVID-19 le 23 mars 2020 a débuté au Mexique la « Jornada Nacional de Sana Distancia », ou JNSD (Journée Nationale de Distance de Sécurité). Depuis ce jour, environ 717 théâtres (subventionnés par le gouvernement) et des centaines de scènes indépendantes (pour lesquelles il n’y a pas de chiffre précis) ont été fermés au sein du territoire national. Depuis cette date, les lumières et les enceintes se sont éteintes, les artistes ont déserté les scènes, les applaudissements se sont tus et un grand nombre de projets créatifs ont été mis en suspens.
L’art scénique est en crise et les scènes indépendantes risquent de disparaître. Mais beaucoup d’artistes indépendants ont trouvé dans le théâtre un refuge, une raison de continuer à s’accrocher. L’idée d’y revenir et de créer à nouveau leur a permis de surmonter l’adversité liée à la crise humanitaire de la COVID-19. C’est la raison pour laquelle nous parlerons dans cette article du théâtre indépendant La libertad (« La Liberté »), et d’une œuvre réalisée avec courage, non seulement en raison de la pandémie, mais aussi parce qu’Abraham Oceransky et son équipe avancent à contre-courant depuis bien longtemps.
Abraham Oceransky Quintero, ce « Pilier du théâtre » (UNESCO 2012), Médaillé des Beaux-Arts (FONCA, CONACULTA 2013) et Prix National des Arts et de Littérature (2019) ; ce « dramaturge avant-gardiste éminent au Mexique, [qui] a écrit et adapté de nombreuses œuvres de théâtre qui reflètent son intérêt pour la philosophie orientale, analysent les contradictions de l’être humain et son combat face à la mort » (Navarrete, 2018). En août 2009, dans la ville de Xalapa, à Veracruz, il a fondé le théâtre sous chapiteau La Libertad, dans lequel sont présentées des œuvres qu’il réalise lui-même ainsi que celles d’artistes locaux ou nationaux, d’Amérique, d’Europe et d’Asie. Il a transformé ce lieu en un espace très important pour le développement du théâtre indépendant au sein de l’état de Veracruz, (un état où le théâtre indépendant ne bénéficie d’aucune aide ; en 2018, le gouvernement de Veracruz va même ordonner le démantèlement du premier théâtre La Libertad.)
Le théâtre La Libertad fut reconstruit sur son emplacement actuel en 2019, dans un nouvel espace situé au numéro 100 de la rue Fascinación, dans le quartier Ensueño, à Xalapa. Aménagé dans l’arrière-cours d’une maison, il s’agit d’un chapiteau habité par les idées, les rêves, le courage et l’amour. Un espace où neuf personnes ont fait face à une crise humanitaire mondiale. Un lieu où neuf volontés se sont rejointes afin de créer une œuvre d’art en temps de crise pour l’art scénique.
“Memoria de una recámara vacía” (“Souvenir d’une chambre vide”).
Lors d’une interview, Abraham Oceransky nous a expliqué que l’œuvre complète lui est apparue en rêve (alors qu’il travaillait encore dans le précédent théâtre La libertad) : l’image très claire qu’il avait en tête pour le lieu correspondait à « une grande place commerciale, à l’image du monde » (Oceransky A.). L’artiste nous raconte que sa mise en place fut un long processus, deux ans durant lesquels il a surmonté de nombreuses morts symboliques, entre autre le démantèlement de son théâtre La Libertad, ainsi que l’échec lors d’une première tentative de mise en scène de l’œuvre avec une autre équipe créative, mais qui « n’avait pas les matériaux humains nécessaires à l’alchimie scénique ». Il raconte : « L’alchimie sur scène est très délicate à obtenir car elle doit combiner l’humain, l’intellect, le mental et le spirituel. Il peut s’agir d’éléments très grossiers, mais qui une fois réunis vont se transformer en quelque chose de beau » (Oceransky A.).
Une nouvelle équipe a pris forme pendant la pandémie du COVID-19 ; durant le mois de juillet 2020, ils ont commencé à activer les rouages du spectacle. Les acteurs présents sur scène sont Arikel Geróm, Leonardo Hernández, Perla Mariana et Max Madrigal, tandis que l’équipe technique est composée par les acteurs Sandra Perea, Hayleen Vargas, Martin Pérez et le musicien Jonny Hernández. La bande son a été a été créée par Lorenza Ruíz Vallarías, et enfin le scénario, le design, l’éclairage et la réalisation sont l’œuvre d’Abraham Oceransky. L’équipe au complet s’est chargée des costumes, des décors et de la publicité, tous produits par leurs soins.
Lors d’une interview, ils m’ont parlé de tout ce dur labeur, et surtout de leur expérience, de leur résistance pendant un an, de leur résilience par amour, pour l’amour du théâtre. Arikel nous raconte comment il a vécu la première partie du confinement :
« C’était un moment très compliqué pour nous parce qu’avant même l’arrivée de la COVID, nous avions des ateliers avec Oceransky. En fait, il y avait deux grands groupes au sein desquels nous travaillions : nous faisions des exercices sur scène puis des débats sur les performances. Cela menait à des discussions très intéressantes. Parfois les personnes elles-mêmes partageaient leurs propres visions et préoccupations. Dans ces ateliers il y avait des musiciens, des acteurs et des cinéastes, et les discussions pouvaient durer jusqu’à 4 ou 5 heures, ce qui était très agréable et enrichissant d’autant plus que le groupe était diversifié.
Avec l’arrivée de la COVID, c’est comme si tout s’était arrêté. La peur s’est invitée, certains disaient « je ne viendrai plus », et le groupe a commencé à se réduire petit à petit. Tout a disparu en un instant. Durant ces premiers temps du confinement, je pensais que ça passerait, que ce ne serait que temporaire, mais mois après mois ça a continué. Ça a été difficile, pour moi du moins, de résister à ce temps d’attente. Je me demandais : Quand allons-nous pouvoir répéter ? Quand la pièce verra-t-elle le jour ? (Geróm, A.) ».
Dans l’état de Veracruz, de nombreux projets ont été interrompus et, avec eux, de nombreux artistes scéniques se sont retrouvés sans travail. Les artistes indépendants ne reçurent que très peu d’aides pour subsister économiquement. Certains des artistes de ce groupe se sont subventionnés eux-mêmes grâce au soutien de leur famille. Mais Abraham Oceransky, quant à lui, n’a pas cessé d’aller au théâtre, et grâce à l’entrée du théâtre, justement, dans un programme fédéral, l’acteur Max Madrigal l’a rejoint en juillet 2020, à la recherche d’une nouvelle création.
« Je suis venu ici grâce à une bourse du gouvernement (dans le cadre du programme Jóvenes Construyendo el Futuro, (« Les Jeunes Construisent Le Futur »). Au début, nous n’étions que trois : le professeur Oceransky, Zuzu (danseuse et ingénieure lumière) et moi. Nous avons donc effectué des travaux de construction et de restauration d’œuvres d’art. Au début, je ne comprenais pas vraiment quel était l’objectif, mais je me suis adapté petit à petit. Ce n’était pas comme dans une institution, où tu arrives et on te dit comment tu dois effectuer les différentes activités. Ici, ça fonctionne différemment : d’abord on nous a donné une idée de ce qui doit être accompli, puis c’est au cours du processus que nous avons commencé à réfléchir. Le professeur nous posait des questions ou partageait avec nous ses connaissances lors de « bréviaires culturels » (c’est comme ça qu’ils les appellent). J’ai continué à progresser et après environ deux mois il m’a dit « tu participeras à la pièce ». Cette nouvelle m’a à la fois surpris et enthousiasmé, c’était quelque chose d’inespéré. [Déjà lors du processus de montage, malgré les restrictions liées à la distanciation sociale qui demeuraient et le pays qui traversait sa deuxième vague de contagions, nous avions décidé ici, de continuer à travailler] J’avais alors l’impression de vivre comme fragmenté entre la réalité d’ici et la réalité de l’extérieur, où je devais faire un discernement entre ce en quoi je croyais et ce en quoi je ne croyais pas en ce qui concerne la pandémie. Ce fut un défi, parce qu’à l’extérieur on renforçait la séparation et l’isolement, tandis qu’ici nous essayions de renforcer nos liens et d’élargir les moyens de communication. De se raccrocher à la raison pour laquelle nous faisons ce que nous faisons, dans un moment aussi compliqué. » (Madrigal, M.)
Il convient de rappeler que, pour les arts du spectacle, qu’il s’agisse de théâtre, de danse ou de cirque, le contact physique, la confiance et les liens affectifs au sein du groupe sont nécessaires, ou c’est du moins ce qui est recherché au théâtre La Libertad. A ce stade de la pandémie, les médias et le monde ont demandé de la distance, de la restriction et de l’isolement. Mais cette équipe de travail, qui s’est consolidée au fil des mois, a décidé de sortir de chez soi et d’avoir confiance, les uns en les autres. Ainsi, Leo nous parle de l’importance de résister à la pandémie par le biais du processus créatif.
« C’était l’opportunité de ne pas perdre mon humanité, de ne pas perdre ce qui fait de nous des êtres humains avec ces circonstances qui nous poussent à nous isoler, avant tout, bon, pour notre santé, mais qui risquait de finir par nous déshumaniser. Il s’agissait de résister au sein de cet espace alors que les choses à l’extérieur étaient en train de dégénérer, de résister face à la tempête et à l’adversité. Cela, en travaillant sur quelque chose dont nous savions qu’il pourrait être révélé au grand jour à un moment donné. Ne pas se laisser aller à la tentation de perdre l’art, simplement parce que lorsque les choses tournent mal, lorsqu’il y a des guerres ou des pandémies, il nous semble peu grave que la culture et l’art puissent disparaître. Mais ce sont la culture et l’art qui nous caractérisent en tant qu’êtres humains, et si nous les abandonnons, nous nous abandonnons nous-mêmes. Résister face à la pandémie dans cet endroit a été l’occasion de travailler sur cette œuvre, sur tout ce qu’elle exprime, et de pouvoir supporter cette crise jusqu’au jour où nous avons su que nous allions la montrer à d’autres êtres humains (Hedez., Leonardo) ».
Le lancement de cette production était prévu pour la première quinzaine de décembre, mais à cause de l’hiver, les contagions grimpèrent et la municipalité de Xalapa déclara l’état d’urgence (rouge). C’est pour cette raison que celui-ci fut reporté d’environ 3 mois, pour être finalement présenté le 26 mars 2021 ; bien que pendant les mois de janvier et février de cette année, de nombreuses scènes indépendantes donnaient déjà quelques représentations, le groupe de La Libertad a décidé d’attendre, pour la sécurité de son public, jusqu’à cette date (date à laquelle l’Etat de Veracruz est passé de l’état d’alerte orange à jaune).
« Memoria de una recamara vacía » (« Souvenir d’une chambre vide ») s’inspire du mythe d’Orphée et Eurydice. La pièce tourne autour du personnage de Remedios (Arikel Geróm), qui perd la mémoire après que la personne qu’elle aime, Ramón (Leonardo Hernández), est victime d’un assassinat (Max Madrigal). Pour ne pas oublier cet amour, elle entreprend un voyage difficile dans l’inconnu afin de retrouver la tranquillité dans son cœur. Une histoire qui, de manière théâtrale et en un seul acte, raconte comment les êtres humains cherchent le bonheur, malgré la distance et l’oubli. La pièce est un voyage onirique vers cet endroit sombre de l’esprit et du cœur dans lequel se trouvent les souvenirs d’enfance, l’amour, la famille, la mort et la vie.
Comme dit plus haut, le scénario a été confié à Abraham Oceransky, qui nous a expliqué d’où lui est venu le nom de la pièce, « Souvenir d’une chambre vide » :
« Dans l’oeuve, il y a deux moments qui expriment cette idée : tout d’abord, il y a un homme qui tire une seule balle, et cette seule balle change tout le cours de l’histoire. Au moment où cette balle sort, la chambre de cette balle est vide. C’est-à-dire que cette balle, logée à cet endroit, symbolise et annonce la mort au moment où elle sort. C’est comme quand un couple se sépare et que l’amour est fini, qu’un être sort de la relation humaine : quand cela arrive, la chambre est vide. Le second aspect est la mémoire : quand la mémoire disparaît, quand tu n’as plus souvenir de ton lien avec les autres, tu es terriblement seul. Je constate que, dans les groupes d’artistes, quand ils se réunissent pour recevoir le salaire, qu’ils sont engagés par un contrat et que le contrat se termine, cette relation politique et bureaucratique se termine et tous finissent seuls. [Il n’y pas d’affect]. Quand il y a séparation dans mes équipes, quand l’un deux est ici pour l’argent et pas pour sa propre transcendance, qu’il n’y a pas d’amour, qu’il n’y a pas d’alimentation de l’esprit, et les chambres restent vides.» (Oceransky, A.)
Pour moi, assister à ce spectacle a été comme voyager à Mictlán et contempler les processus du deuil. Le Mexique, dans ses racines préhispaniques, donnait un sens à la mort ; la mort était vécue comme un phénomène propre à la vie, et faisait fondamentalement partie du cycle de vie de l’univers. Cette œuvre nous expose de manière surréaliste les processus du deuil, non seulement le deuil lié à la mort physique d’un être cher, mais aussi la mort des idées, la mort des objets, des relations, des liens, la mort de sa propre mémoire et sa propre mort.
Sur le territoire qui constitue aujourd’hui le Mexique, depuis la conquête espagnole en passant par les guerres d’indépendance, de réforme, la révolution et maintenant le crime organisé, cet État a été inondé d’événements violents qui mirent fin à la vie de nombreux êtres humains. La perte d’êtres chers aux mains de caïds est quelque chose de récurrent dans la vie des Mexicains tout au long de l’histoire, c’est pourquoi je pense que le thème de cette œuvre d’art est important. Comment le deuil peut-être quelque chose qui nous remplit d’espoir ?
C’est pour cette raison qu’en discutant avec les membres du groupe, j’étais très curieux de savoir comment le processus créatif de cette œuvre avait changé leur façon de voir le deuil et la douleur, ce à quoi Marina m’a répondu :
« Comme je le disais, à titre personnel, tout ce processus a permis d’unir mon « moi » en tant que personne et mon « moi » en tant qu’actrice. On adopte parfois certaines habitudes particulières pour gérer nos problèmes ou bien la douleur, je pense que ce sont des questions culturelles, voire même universelles en ce qui nous concerne, les êtres humains. Lors des premières répétitions, je me suis posée les questions suivantes : Comment faire face à la douleur ? Dois-je lui résister ou lui faire face ? Qu’est-ce qui me fait mal, à moi ? Qu’est-ce que je ne supporterais pas de perdre ? Ces questions, qui sont posées dans l’œuvre, se sont aussi osées à moi, et au moment d’y répondre, j’ai été capable de transformer cette idée de deuil, et j’ai alors découvert que j’avais une grande résistance face à la douleur. J’ai pris conscience que je l’évitais, cette douleur, mais aussi que nous manquons tous d’attention concernant ce qui nous arrive. En prenant conscience de cela, j’ai été capable de comprendre et de changer ma vision du deuil. Il s’agit d’accepter l’existence de la douleur, qu’elle existera toujours, mais de se souvenir que la façon dont vous la traversez construit votre vie d’une certaine manière. Personnellement, j’ai creusé cette idée, et je sais maintenant qu’il faut passer par là et ne pas rester dans la douleur. Dans la culture mexicaine, j’ai l’impression qu’il existe deux façons particulières de la vivre : soit on s’auto-flagelle beaucoup, soit on l’ignore comme si elle allait finir par disparaître, et on se met ainsi à vivre dans une apparente inexistence de la douleur, alors qu’en réalité on continue de la porter sur ses épaules. Pour moi, le deuil est quelque chose que nous devons apprendre à saisir entre nos mains, à ressentir et à ensuite laisser partir. » (Vargas, P.)
Max réfléchit à ce sujet :
« Le chagrin et la mort seront toujours là, car ils font partie de la vie. La vie est mouvement. C’est comme une rivière sur laquelle il faut savoir naviguer, parce qu’elle implique de lâcher prise, de se laisser porter, d’apprendre, d’accoster dans des lieux différents. Pour moi, c’est ce qui se passe avec ce personnage : Remedios, à la recherche de son bien-aimé, traverse un deuil tout au long de la pièce. Le spectateur est également témoin de sa perte de mémoire, la rendant innocente avec un regard frais, nouveau ; elle est surprise par la survenue de nouveaux événements, comme dans la vie de manière générale. Selon moi, on pourrait dire que la vie en elle-même est aussi un deuil. » (Madrigal, M)
La concordance des thèmes dont traite cette œuvre et des thèmes qui occupent le monde prend tout son sens ici. Pour moi la mort est la chose la plus proche à tous les êtres humains, c’est ce phénomène qui nous rend égaux, parce que les êtres humains créent ; nous sommes des créateurs et « le fait de créer implique que d’autres choses meurent » (Oceransky, A.). Ce groupe a créé un espace, un lieu où ils ont donné naissance à une œuvre qui, à mon avis, devrait toucher un large public. L’audience d’ailleurs, repart émue et pleine d’espoir.
Pour conclure cet article, La Libertad est un groupe, un espace, une communauté qui résiste et qui croit en un art qui transcende. Pour ses membres, c’est aussi un lieu primordial où ils peuvent continuer à créer. C’est pourquoi je leur ai demandé : « qu’est-ce que vous retirez de cette expérience ? ». Parmi les réponses qu’ils m’ont données, j’en retiens deux :
« Je suis tombé amoureux, et je repars avec cet amour que j’ai développé pour le théâtre et toutes les connaissances que continue à acquérir. L’important dans tout cela est de toujours rester fidèle à soi-même. Dans cet espace, j’ai trouvé l’amour et le désir de croquer le monde à pleines dents. » (Vargas, H)
« Je me suis demandé, une fois le projet finit, « et après ? », « qu’allons-nous faire ? ». Il y a ceux qui disent du théâtre qu’il meurt, naît et se réinvente : c’est donc que cette pièce a terminé son cycle, et je suis ici, avec toute l’équipe, pour vous raconter maintenant ce que nous allons jouer, et quelle est la nouvelle genèse de cette pièce. Dans cet espace, nous devons être ouverts et disposés à créer. J’en fais partie. » (Perea, F.)
La Libertad s’est transcendé, il a résisté au gouvernement, il a résisté au maigre soutien, malgré et avec la crise humanitaire, il a résisté au peu de public venu l’applaudir, et il reste debout, résilient. Cette équipe qui, dans une cour, sous un chapiteau où l’eau coule parfois mais les idées, elles, pleuvent sans cesse, se maintient afin de continuer à émouvoir la conscience de ceux qui viennent s’y assoir.
Luis Hernández
Bibliographie :
Navarrete, L. (31 août 2018). Enciclopedia de la Literatura en México. Récupéré de Abraham Oceransky: http://www.elem.mx/autor/datos/13062