Littérature. Wuhan, ville close est le titre du journal de l’auteure chinoise Fang Fang. Dans ce journal, elle raconte les 76 jours de confinement qu’elle a vécu à Wuhan, ville dans laquelle elle a habité quasiment toute sa vie. Cette écrivaine, très connue en chine, publiait chaque jour sur Weibo, réseau social particulièrement connu dans le pays, sa vie quotidienne. Dans un extrait du 31 janvier, nous pouvons lire : « À l’époque, je trouvais que les lumières scintillantes qui ornaient les rues principales saturaient les yeux et l’esprit. Aujourd’hui, dans les rues froides et désertes, ces lumières vibrantes me réconfortent. C’était à l’époque, et nous sommes maintenant ». Comme dans un récit de guerre, elle rend hommage à des proches disparus. Ses descriptions sont poignantes et relatent avec précision ses ressentis. À travers son récit personnel, elle expose la réalité du confinement et dénonce notamment les mensonges des autorités de la ville de Wuhan. Censurée par son pays, son compte Weibo est supprimé. Fang Fang est aujourd’hui accusée par les ultra-nationalistes du Parti communiste Chinois de trahir son pays et de diffuser des informations calomnieuses. France Culture précise que « Wuhan, ville close, la traduction française du journal de Fang Fang sera publiée en septembre aux éditions Stock. ».
https://www.franceculture.fr/emissions/a-propos-dailleurs/a-propos-dailleurs-chronique-du-samedi-30-mai-2020?fbclid=IwAR2OKVjdftqyubI6n2kA8AGhDhmNB3y7hiU2Qcd7mmoKzXwb1Sh-kpF3lTA
Tiphaine Beucher
Une nouvelle forme de littérature est-elle en train de naître dans nos smartphones ?
Article très intéressant de France Inter confrontant littérature et ère du digital. Les livres, leurs pages cornées et jaunies après plusieurs lectures, l’odeur agréable du papier parfois teintée des années passées dans une bibliothèque ou dans un carton, le plaisir de découvrir des dates, des annotations ou des petits mots affectueux dans des trouvailles de brocante…est-il possible de parler de littérature à l’ère du digital, quand de plus en plus de choses peuvent s’effectuer de manière digitalisée ? Est-il possible de dissocier la littérature du sacro-saint livre au format papier, surtout quand les auteurs n’ont pas fait recours à une maison d’édition établie ?
Wattpad, que tout le monde connaît pour son afflux de fanfictions autoéditées (oui, on se rappelle, ces fanfictions sur les One Direction ou Twilight…) a été, rétrospectivement, la première plateforme de littérature dématérialisée à avoir eu du succès. Peu importe ce que l’on pense du contenu des nouvelles que le site propose, Wattpad a été une porte ouverte sur le monde de la lecture digitale. Maintenant qu’il n’y a plus besoin d’aller au cinéma pour regarder des films, en est-il de même pour les livres ?
C’est ce que des sites comme Rocambole ou Pitchséries s’efforcent de prouver. Rocambole, de la même manière que Netflix et Amazon Prime proposent des abonnements mensuels pour pouvoir accéder à leur contenu, propose de payer 6 euros 99 (désolée je trouve pas le signe euro sur mon clavier d’ordi) par mois pour lire de la science-fiction, des polars, des romances…on y trouvera même des nouvelles érotiques ! 15% des recettes (calculées en fonction des recettes de l’entreprise et du nombre de lectures par nouvelle) sont reversés aux auteurs, qui perçoivent en plus un à-valoir. Le travail d’équipe à la mode des mangas japonais y est encouragé, afin d’allier les points forts des différents auteurs, la plateforme n’est néanmoins pas encore assez connue pour être économiquement rentable et par conséquent pas très rémunératrice pour les auteurs.
Sans grand étonnement, les contributeurs à la plateforme ne sont pas (encore) de « vrais » auteurs. Ils sont en majorité des influenceurs, des passionnés d’un genre particulier qui ont décidé de dédier leur temps à l’écriture de feuilletons. Une scission assez importante sépare alors encore la « vraie » littérature de la littérature dématérialisée ne rentrant pas dans les schémas traditionnels de l’édition, mais c’est assurément un moyen différent de concevoir la lecture qui séduira peut-être les plus réticents à se plonger dans des romans de 900 pages (Le Rouge et le Noir, on te parle).
https://www.franceinter.fr/culture/une-nouvelle-forme-de-litterature-est-elle-en-train-de-naitre-dans-nos-smartphones
Inès Guichon
Musique/Société. Le samedi 5 septembre, une jeune femme nommée Romy publie une story sur le réseau social Instragram où elle accuse le rappeur parisien Moha la Squale de violences envers elle mais aussi envers d’autres femmes. Rapidement, Romy reçoit des messages privés de plusieurs femmes qui accusent le rappeur de 25 ans de séquestrations, violences sexuelles, de coups, de menaces. Parmi les témoignages se trouvent ceux de Luna, l’ancienne petite amie du rappeur, qui lui a inspiré sa « chanson romantique ». Elle écrit : « Deux ans d’enfer, de violences physiques, psychologiques, de menaces, de cris, de larmes, d’interdictions en tout genre ». Une autre jeune femme raconte : « Moi perso j’ai vécu : des étranglements, des étouffements avec des oreillers, des tirages de cheveux au sol sur plusieurs mètres, des baffes à en avoir des acouphènes, des crachats dans la gueule. », « J’ai même été menacée au couteau ».
Lundi 7 septembre au soir, trois femmes âgées de 23 à 28 ans déposent plainte au commissariat du 9e arrondissement de Paris contre Mohamed Bellahmed, le vrai nom de Moha la Squale. Leur avocat, Thibault Stumm explique que c’est grâces à « toutes ces révélations sur les réseaux sociaux et le fait de voir qu’elles n’étaient pas seules qui a donné la force nécessaire (aux plaignantes) pour déposer plainte ». Suite à ces plaintes, le parquet de Paris a ouvert une enquête pour violences volontaires, menaces de mort et agressions sexuelles. Mardi 8 septembre, une internaute publie également une story Instagram dénonçant le rappeur belge Roméo Elvis de l’avoir agressé sexuellement avec le hashtag balancetonrappeur, déjà utilisé pour les accusations contre Moha La Squale. Cette story est accompagnée de captures d’écran d’une conversation entre la victime et Roméo Elvis où il reconnait les faits et s’excuse : « Je veux juste encore une fois m’excuser pour ça », « Et passer à autre chose définitivement, j’ai vraiment honte et j’ai vraiment pas envie que ma copine apprenne ce truc vraiment ». À ce jour nous n’avons pas plus de détails sur l’agression.
Le mercredi 9, Roméo Elvis publie un post Instagram dans lequel il confirme « avoir utilisé (ses) mains de manière inappropriée sur quelqu’un, croyant répondre à une invitation qui n’en était pas une ». Il poursuit : « Je suis le moins bien placé, mais je le pense ce qui est trop souvent vu comme un acte banal est une erreur à ne pas faire. », « Je ne suis pas fier de cette situation et espère servir d’exemple à ne pas suivre. ». Mais ce n’est pas sur le rappeur que les commentaires et les accusations se déchainent. La soeur de Roméo Elvis, Angèle, et sa compagne la mannequin Léna Simone sont toutes les deux visées sur les réseaux sociaux depuis mercredi. Sous couvert de leurs liens avec le chanteur ainsi que de par leurs engagements dans le féminisme, de nombreux utilisateurs ont trouvés judicieux d’interpeler ces femmes qui n’étaient même pas au courant de l’affaire. Contre Angèle on peut lire : « Va falloir balancer le frérot maintenant pour rester crédible », « C’est bien beau de chanter pour les femmes, mais va falloir faire un choix ». Et contre Lena : « Cette femme est restée deux ans avec un pauvre type. Mais LOL quoi. », « Bah alors on t’entends plus bizarrement ? agression sexuel de ton mec là bizarrement tu ferme ta gueule. ». Face à ces accusations, Angèle décide de s’exprimer dans une story Instagram : « De la même façon que je me bats aux côtés des femmes et minorités négligées, je condamne les actes qui vont à l’encontre de mes principes.». Pourquoi toutes ces personnes s’en prennent-elles à Angèle et Léna ? Sur Twitter, la journaliste Morgane Giulani donne son analyse : c’ « est une nouvelle illustration d’une misogynie profonde : se réjouir d’avoir ‘enfin’ coincé une féministe, influente et populaire de surcroit, dans son raisonnement ».
Le journal Huffpost nous explique également que ce détournement de l’attention est un procédé qui vient tout droit des boys’club, des groupes d’hommes blancs hétérosexuels qui défendent leurs intérêts au détriment des autres. Quoi qu’il en soit, les femmes ne sont aucunement responsables des violences que commettent les hommes qui les entourent. Comme le dit Angèle « Un changement des mentalités s’impose, encore, toujours et partout ». Il est donc temps, messieurs, d’assumer vos responsabilités sans vos mères, vos soeurs, vos filles, vos amies car nous sommes trop occupées à nous battre pour l’égalité et l’indépendance.
https://www.lepoint.fr/societe/le-rappeur-moha-la-squale-accuse-d-agressions-sur-des-jeunes-femmes-07-09-2020-2390688_23.php#xtmc=moha-la-squale&xtnp=1&xtcr=2
https://www.lesinrocks.com/2020/09/09/musique/musique/accusation-dagression-sexuelle-romeo-elvis-reagit-et-presente-ses-excuses/
https://www.huffingtonpost.fr/entry/angele-reaction-romeo-elvis-harcelement-sexisme_fr_5f58cde8c5b6b48507fa4260
Clara Bouzille
Histoire de l’art. Culture&Patrimoine. Cette semaine un nouveau label fait sa rentrée. La ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a annoncé ce mardi 8 septembre le lancement de la première édition des capitales françaises de la culture. Ce nouveau label, attribué tous les deux ans, veut mettre en valeur l’attractivité culturelle des villes moyennes ou des groupements de collectivités de moins de 200 000 habitants. Cette visibilité se veut profitable pour la fréquentation touristique de ces villes, mais entend aussi favoriser la participation des habitants aux activités culturelles. La ministre souhaite ainsi encourager les villes moyennes à participer activement dans « l’innovation culturelle ». En parallèle, l’implantation de quartiers culturels créatifs sur ces territoires viendrait soutenir l’installation de jeunes entreprises.
Cette déclaration, faite à l’occasion des troisièmes rencontres d’Action cœur de ville (ACV), programme lancé en 2017 pour la revitalisation des villes moyennes, réaffirme la culture comme moteur économique. Cependant, ce label est présenté comme une solution économique pour redéfinir et redynamiser des territoires, suivant en quelque sorte les traces de « l’effet Bilbao ». Il faut attendre ces prochains jours pour déterminer si l’art est au cœur de ce dispositif ou s’il apparaît seulement comme un produit de consommation dans un projet plus vaste.
https://www.ouest-france.fr/culture/le-gouvernement-lance-un-label-culturel-pour-les-villes-moyennes-6965363
Ludivine Pineau
Philosophie. Pour le numéro d’octobre de Sciences Magazine, Hélène Frouard se pose la question suivante : les jeunes d’aujourd’hui seraient-ils des citoyens comme les autres ? Une des grandes représentantes actuelles du mouvement écologique en Europe est la jeune Greta Thunberg, dont l’âge a fait place à toutes sortes de débats : comment peut-elle, à cet âge, ne pas être « endoctrinée » ou « manipulée », comment pourrait-elle penser par elle-même le politique à tout juste dix-sept ans ? Hélène Frouard essaie alors de comprendre comment se fait la politisation des enfants et adolescents d’aujourd’hui, et l’impact que cette même politisation peut avoir dans les sphères politiques « adultes ». Les enfants, citoyens en devenir, ou sujet politique à part entière ? Comment penser et que faire de cette catégorie de la population qui pense à sa manière le politique ?
Sciences Humaines, n°329, Octobre 2020, « Grandir aujourd’hui ».
Victoria Gontier