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Interview avec Airelle Besson à l’occasion de la sortie de son nouvel album : Try !

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Interview avec Airelle Besson à l’occasion de la sortie de son nouvel album : Try ! Posted on 9 février 2021

Après le succès de Radio One, sorti en 2016, la trompettiste Airelle Besson – lauréate  aux Victoires du Jazz, arrangeuse pour le groupe Metronomy, sidewoman de Manu Katché, Rhoda Scott, Camelia Jordana, Youn Sun Nah, et tant d’autres – revient avec un nouvel album mêlant jazz et poésie, en s’entourant de la chanteuse Isabel Sörling, du pianiste Benjamin Moussay et du batteur Fabrice Moreau.

Pour cette occasion, nous sommes partis à sa rencontre :

Gaëlle Bordier : Tout d’abord, pourriez-vous vous présenter ?

Airelle Besson : Je m’appelle Airelle Besson. Je suis musicienne, trompettiste, compositrice, arrangeuse, orchestratrice, et j’ai voulu faire de la trompette quand j’avais quatre ans. Et je ne sais toujours pas pourquoi mais cette idée est restée dans ma tête et j’ai donc commencé la trompette pour de vrai à sept ans. Pour la petite histoire, on peut commencer la trompette quand on a ses dents fixes d’adultes, car tant qu’on a ses dents de lait, on ne peut pas commencer et c’est donc vers sept ans qu’on les a. Ainsi depuis mes sept ans, ma trompette ne m’a pas quittée.

G.B. : Comment en êtes-vous arrivée au jazz ?

A. B. : J’ai commencé par le classique au Conservatoire de Paris, où j’ai commencé la trompette, le solfège, la formation musicale, j’ai donc des bases de trompette classique. Vers onze, douze ans, j’ai fait un stage de jazz à Cluny durant l’été et c’était un petit peu là, mes premiers pas dans le jazz. J’ai été beaucoup accompagnée et poussée on va dire par mon père qui m’a accompagnée vers cette musique de jazz et plus ça a été, plus en effet j’ai mis un peu plus de côté la musique classique. C’est-à-dire que la musique classique, c’était vraiment pour la technique de trompette et ensuite j’ai fait de plus en plus de jazz. Il faut dire qu’à neuf ans aussi j’ai commencé le violon, comme second instrument. A l’époque j’habitais en Angleterre, où j’y ai fait trois années de ma scolarité et donc j’ai appris le violon là-bas. J’ai mené les deux de front pendant une dizaine voire une quinzaine d’années et le violon est parti pour laisser place à la trompette qui était mon choix de cœur.

G.B. : Est-ce compliqué d’être une femme trompettiste dans le milieu du jazz ?

A. B. : Non ce n’est pas particulièrement compliqué, mais ça dépend de la manière dont on le prend. C’est-à-dire que moi, je ne me suis jamais vraiment positionnée en tant que ‘femme trompettiste’, en étant surtout la femme trompettiste. Pour moi c’est une musicienne, comme un musicien. Je joue d’un instrument, quel que soit le genre ou le sexe. Ça n’a jamais eu beaucoup d’importance pour moi. D’autant que j’ai toujours côtoyé un milieu masculin, de par la trompette, et ensuite par le jazz. Effectivement c’est un milieu plus masculin, surtout quand j’ai commencé il y a quelques années de ça. Mais je ne dirais pas que c’est compliqué, il faut juste être à sa place en fait. C’est comme ça que je l’ai vécu. Je n’ai jamais voulu mettre en avant le fait que je sois une trompettiste. Quand j’étais au conservatoire national supérieur de musique de Paris, c’est vrai que j’étais la seule dans toute ma promo mais, et alors ? Ce n’est vraiment pas ça que je mettais en avant, je me mettais au même niveau que les autres. C’est peut-être parce que j’ai toujours évolué dans un milieu masculin. J’ai même envie de dire, je ne suis pas dupe, ça a même dû favoriser des choses récemment parce que je sais que le ministère de la culture essaye de faire en sorte qu’il y ait une sorte de parité, parité impossible dans le jazz forcément, sauf peut-être pour ce qui est des chanteuses. Donc je pense que ça a dû jouer en ma faveur que je sois une musicienne.

G.B. : En plus d’être trompettiste, vous êtes aussi arrangeuse, orchestratrice, compositrice. Vous semblez donc avoir de nombreuses cordes à votre arc, est-ce que cela peut être difficile à gérer parfois ?

A. B. : J’ai effectivement beaucoup de cordes à mon arc et ce qui fait que pendant ces périodes de confinement, j’ai pu rester très active malgré le fait que tous les concerts soient annulés. Parce que, en effet, je suis aussi compositrice et arrangeuse et je reçois des commandes, ce qu’on appelle des commandes de compositions, c’est-à-dire que ce sont des orchestres et des formations ou typiquement des groupes de musique qui me demandent d’écrire des pièces. Et donc oui, c’est beaucoup de choses à gérer en même temps pour répondre à votre question. D’autant plus que cette année, j’ai rajouté une nouvelle corde à mon arc qui est celle de productrice. Pour la première fois, je produis mon album Try ! qui vient de sortir, et ça ce n’était pas une mince affaire parce que c’est la première fois. J’ai donc tout découvert en même temps, et je découvre toujours en même temps encore maintenant, et avec tout ce qu’il faut gérer en plus, effectivement ça peut faire beaucoup. Je me suis rendue compte que c’est bien d’être producteur, mais c’est énormément de travail parce qu’il faut tout organiser : entre la session d’enregistrement, tout booker, les hôtels, les trains, faire en sorte que tout soit livré en temps et en heure. Donc de mon côté, l’automne a été très actif même s’il n’y a pas eu de concerts. Et effectivement, j’ai pu composer, j’ai pu continuer à avoir une activité très dense, et ça c’est grâce au fait que j’ai plusieurs cordes à mon arc.

G.B. : Votre nouvel album Try ! vient justement de sortir, vendredi dernier, pouvez-vous nous en parler ? Quel a été le processus de création derrière cet album ?

A. B. : Alors, je vais parler des morceaux de l’album d’abord. La première trilogie par exemple (The Sound of Your Voice 1, 2 et 3) a été composée il y a quelques années et on l’avait déjà essayé en concert. Ensuite, le morceau Fly Away est un morceau assez ancien que j’avais déjà enregistré sur un premier album en 2005 avec le quintet Rockingchair et qu’on a repris parce qu’on adorait le jouer, on s’est dit que cela donnerait une nouvelle couleur. Il y a un morceau que j’ai composé en 2018 aussi, Try ! justement. Les autres sont ensuite arrivés assez progressivement dans les derniers mois, en fait en début d’année 2020, juste avant que l’on ne rentre en studio, en août. J’ai composé entre janvier et juin et ce qui est assez particulier c’est que normalement on aurait dû répéter de manière assez régulière entre janvier et juin mais avec tout ce qui s’est passé on n’a pas pu le faire donc on est arrivé à l’enregistrement avec des morceaux assez frais et voilà, il est arrivé ce qu’il est arrivé. Je me suis dit que c’était un peu un pari. Voilà, on y va, on va l’enregistrer à ce moment-là, même si on est pas tout à fait prêt, pas autant que je l’aurais souhaité. Au vu des circonstances, je pense que c’était déjà bien de pouvoir l’enregistrer en août car l’autre période pressentie était en octobre et avec le second confinement, je pense que l’on aurait pas pu le faire. Donc voilà, c’est un petit peu ça l’histoire de l’album. C’est qu’il y a des morceaux qui sont plus ou moins neufs, même si la majorité est neuve. On est arrivé en studio en se disant qu’on était déjà super content de jouer ensemble parce que tous nos concerts avaient été annulés. Je pense que c’est aussi la particularité de cet enregistrement. C’est-à-dire que c’est un moment précieux, on a pu photographier ce moment musical en 2020 alors qu’on a pas eu de concerts.

Airelle Besson - Try ! - © Sylvain Gripoix

G.B. : Y a-t-il une signification particulière derrière le titre de l’album, Try ! ?

A. B. : Il y a plusieurs choses. Déjà, c’est le titre éponyme de l’un des morceaux. Et surtout, je pense que Try ! c’est l’état d’esprit dans lequel on est arrivé justement en studio. Et on s’est dit « allez, on essaie, de toute façon il faut essayer parce que justement on a de la musique qui est très nouvelle et on ne sait pas ce qui va se passer ». Try avec un point d’exclamation en plus, c’est un petit peu « allez, on y va », c’est un défi et il faut se lancer. Et puis par les temps qui courent, je me suis dit, voilà c’est un truc à la fois dynamique avec ce point d’exclamation et allons-y, il faut essayer.

G.B. : Justement, entre le jazz et la pop, cet album a un côté très expérimental et même ambitieux. Était-ce une volonté de sortir un peu des sentiers battus ?

A. B. : On a cette particularité avec ce groupe dans le son, parce qu’il y a deux instruments solistes : la voix et la trompette. Et ensuite il y a la section rythmique. Normalement les sections rhythmiques «  traditionnelles » fonctionnent avec piano, contrebasse et batterie. Et là, il n’y a pas de contrebasse mais les basses sont jouées par le pianiste. Ce qui fait qu’il y a une sonorité assez particulière qui donne peut-être ce son un peu moderne on va dire, que moi j’aime bien, de changer un peu les codes. Et puis effectivement, il y a quelque chose d’assez « expérimental » même si ça reste quand même dans des partitions avec des accords, des mélodies, il y a vraiment des morceaux. Mais on essaye plein de choses. Et c’est ça que j’adore avec ce quartet, c’est que à chaque fois que j’apporte une nouvelle musique, un nouveau morceau, chacun apporte ses idées, ce qu’il a envie de jouer, ses sons, sa patte. Ce qui fait que ce quartet a cette sonorité et cette particularité-là. En effet, c’est jazz, avec quelques sonorités pop, mais aussi avec des sonorités assez modernes. Benjamin Moussay a des sons incroyables avec son synthé modulaire, et qu’il utilise même merveilleusement sur l’album. C’est vrai qu’il y a un côté assez nouveau et comme vous le dites, ambitieux. Tous les quatre, on recherche, on est toujours en quête de quelque chose, on essaye, c’est vraiment dans l’esprit de « try ». on tente plein de choses, au niveau du son, de la musique, de l’interprétation, des improvisations. C’est à la fois aussi très spontané, parce que le jazz c’est de l’improvisation, donc c’est ce qui vient sur le moment en fait. On est donc très à l’affut les uns des autres, de ce que les autres font.

G.B. : Après le succès qu’a rencontré votre album Radio One en 2016 avec cette même formation de musiciens, est-ce que ce nouvel album était une évidence ?

A. B. : Ce n’est pas vraiment par rapport au premier album parce que justement, ce premier album a eu sa vie. C’est plus par rapport à la vie du groupe et puis à la trajectoire qu’il a pris car on a énormément joué depuis Radio One. Et donc effectivement, à chaque concert, je commençais à apporter un morceau, deux morceaux, et à un moment donné, c’est devenu une évidence cette idée de faire un nouvel album. Il faut aussi prendre en compte que pour le premier album, on a enregistré très tôt dans notre vie de quartet, on avait fait que deux ou trois concerts avant l’album. La musique était donc très écrite et très aboutie mais le quartet, lui, était très frais. A l’inverse, pour ce nouvel album, la musique on ne la connaissait pas bien, mais par contre on se connait tous très bien parce que ça fait cinq ou six ans qu’on tourne beaucoup donc c’est assez marrant de voir cette différence-là.

G.B. : Comment est né ce quartet ? Vous avez notamment mis du temps à trouver une chanteuse.

A. B. : Je savais tout de suite que j’avais envie de jouer avec Benjamin Moussay et Fabrice Moreau pour leurs particularités, leur ouverture, et leur super musicalité. Et c’est vrai qu’il m’a fallu du temps pour trouver Isabel Sörling. J’y ai mis un ou deux ans, parce que j’ai cherché, j’ai demandé, j’ai proposé à quelques chanteuses, ça n’a pas pu être possible. Et au final, j’ai beaucoup écouté Isabel, au départ sur son site, puis en concert, pour que fin 2013 je lui propose de faire partie du groupe. Il faut savoir qu’elle habitait à l’époque en Suède, car elle est suédoise, mais je me souviens qu’elle a tout de suite accepté et dès lors on a commencé les répétitions en janvier 2014. Je cherchais vraiment une chanteuse avec des particularités d’instrumentiste à part entière, c’est-à-dire pas juste une chanteuse comme on les connait, qui sont devant la scène à interpréter des chansons avec paroles. Je voulais quelqu’un qui puisse utiliser sa voix comme un instrument, comme si on était deux instruments à cuivre, trompette et voix, et qu’elles se fondent, se mêlent et se mélangent dans le son et je pense que c’était elle vraiment qu’il fallait dans ce projet.

G.B. : Try ! est un album très poétique qui nous plonge des paysages sonores remplis de couleurs et de nuances, de quoi vous êtes-vous inspirée pour le composer ?

A. B. : Ce qui m’a inspiré c’est ce qui m’inspire en général pour la musique, c’est-à-dire que c’est tout en fait. C’est la vie en général. Ça peut être des personnes, des rencontres, un endroit, une émotion, tout. Une mélodie qui peut venir de la rue, je ne sais pas pourquoi, je l’enregistre puis après je la retravaille. Try ! est venu un jour où j’étais en correspondance en Chine, à Shangaï, pour aller au Japon, et puis il y avait cette mélodie entêtante qui est venue et que j’ai notée et des mois après je l’ai retravaillée et c’est ce qui a donné ce morceau. Ça peut être à n’importe quel moment en fait. C’est un peut tout dans la vie, les émotions, un parfum, le son comme avec The Sound of Your Voice, c’est un peu un hommage aussi aux voix en général, aux voix de la radio comme je suis une grande fan de radio (d’où le titre de l’album Radio One), aux voix qui nous entourent, aux voix des instruments… C’est assez large en fait. La composition peut arriver de plein de manières différentes.

G.B. : Est-ce qu’il y a un message que vous avez voulu faire passer à travers cet album ?

A. B. : Quand on a choisi le titre avec les distributeurs de l’album, ils m’ont conseillée de mettre un point d’exclamation à la fin pour que ça dynamise un peu et que ça soit un peu un message qui dise « il faut essayez dans la vie, oser les choses ». La vie va tellement vite et puis les temps sont tellement précieux avec les gens que « tentons les choses », c’est un peu un message d’espoir, une sorte d’ouverture qui dit « allons-y ». Il faut savoir aussi que c’est très difficile de donner un titre à un album. Ca peut être évident dès le départ et dans ce cas-là c’est bon, on n’y pense plus. Pour celui-ci, c’était très difficile parce que j’aime bien prendre un titre éponyme de l’album, je trouve que ça correspond bien. En plus, Try ! n’est pas le morceau le plus représentatif de l’album, parce que c’est le plus orienté vers la pop. Mais je crois que c’est celui qui sonnait le mieux même s’il est un peu insolite, parce que ça fait un peu bizarre « try », mais justement, c’est aussi ça qui me plaisait je crois. C’est décalé et cela collait avec cette idée de « allons-y dans ce monde où il est bon de vivre en décalé ».

G.B. : On qualifie souvent votre musique de douce et aérienne, qu’en pensez-vous ?

A. B. : C’est vrai que ce sont des mots qui reviennent souvent. On me dit aussi que ma musique est un peu minimaliste, joyeuse, ludique, ou même hypnotisante, ritournelle, des trucs comme ça. C’est vrai que j’ai plutôt une approche assez douce, je n’aime pas les choses qui sont fortes, violentes, agressives, ce n’est vraiment pas mon truc. Et les musiciens avec lesquels je joue, que ce soit Isabelle, Benjamin ou Fabrice, ils sont vraiment dans cette même recherche de finesse, de douceur, de comment magnifier la musique, la porter au plus haut. Je trouve que ça nous qualifie bien et mon approche de la trompette va dans ce sens. J’aime bien les choses qui sont rondes, avec des couleurs chaudes.

G.B. : C’est vrai que cet album est très solaire, et on sent qu’il y a énormément de partage, il y quelque chose qui se crée entre vous et les autres musiciens.

A. B. : C’est vrai que pour moi c’est très important de laisser la place aux autres. Donc effectivement, il y a un échange avec les autres. J’écoute presque plus les autres que moi-même quand on a des choix de morceaux à faire parce que j’ai énormément confiance en eux et justement on est vraiment dans le partage, la générosité. Et puis on a cette volonté de le faire de la manière la plus juste possible et de ne pas trop nous prendre la tête et juste d’y aller.

G.B. : En tant qu’artiste, comment vivez-vous depuis mars dernier la crise sanitaire ?

A. B. : Comme je vous le disais, ayant la chance d’avoir plusieurs cordes à mon arc, le fait que je ne sois pas uniquement concertiste, que je sois aussi compositrice, arrangeuse et productrice, ça fait que depuis mars je suis débordée de travail. C’est très bizarre à dire mais en fait je n’arrête pas. L’automne a été très chargé et ça continue même maintenant avec les promos, la presse, il y a énormément de choses à gérer.  Je sais que j’ai de la chance de faire ça car j’ai des collègues ou des amis qui sont moins actifs et qui le vivent beaucoup moins bien. Donc effectivement, je me sens chanceuse d’avoir été dans une sorte de bulle de boulot parce que ce n’est pas forcément le cas pour tout le monde.

G.B. : Ca n’a donc pas été un frein pour la sortie de l’album ?

A. B. : Non bien sûr. La musique continuera à être transmise et à être jouée, et ça c’est le plus important. Après ce qui va être très dur, c’est qu’on a normalement une tournée de concerts. On aurait déjà dû jouer la semaine dernière. Ce qui commence à être dur c’est de ne pas pouvoir jouer devant des gens en fait, on commence vraiment à en avoir assez. Donc forcément, comme tout le monde, on a hâte d’être tous démasqués, de pouvoir se voir, et puis nous-même de pouvoir jouer. Mais moi j’ai cette chance-là, d’avoir une autre activité en parallèle, qui fait que je peux continuer mon activité dans une autre dynamique.

G.B. : Comment envisagez-vous l’avenir ?

A. B. : On joue un peu tous au jour le jour, on ne sait pas exactement quand est-ce qu’on va pouvoir reprendre les concerts. Pour moi, l’après c’est vraiment la sortie de cet album, de faire en sorte que ça se passe au mieux, que les gens puissent se le procurer. Et ensuite, j’ai encore un programme de un ou deux répertoires à composer, donc je ne suis pas désœuvrée. Mais pour le moment c’est vraiment l’album ma priorité et tout ce qui va avec.

Un grand merci à Airelle Besson pour nous avoir accordé cette interview !

Pour en savoir plus sur Airelle Besson : http://www.airellebesson.com/

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