La silhouette filiforme, le regard bienveillant et la peau parfaitement lisse à 58 ans, derrière le maquillage de la drag queen la plus célèbre du monde se cache un homme déterminé et sûr de lui.
Queen of Manhattan … and the world
Quand on demande à RuPaul d’où vient son personnage, sa réponse est précise :« deux parties de Cher, trois de Diana Ross, un soupçon de Dolly Parton, un peu de David Bowie et de James Brown, quelques éléments de Bugs Bunny, mettez les tous ensembles et voilà mon personnage public ». Celui qui se dit né pour devenir célèbre construit son personnage dans les clubs new-yorkais à partir des années 80. Lorsqu’il ne tient pas les vestiaires, il performe sur scène. RuPaul se fait remarquer pour la jovialité de son personnage à l’opposé des drag queens de l’époque. Sa personnalité originale lui vaudra le titre de reine de Manhattan. RuPaul ne se limite pas à la scène. En 1993, il créer la chanson Super model (You Better Work) qui arrivera au top 2 des Billboard Hot Dance Music / Club Play. Un titre qui propulse sa carrière. Ce travailleur passionné continue sur sa lancée en apparaissant dans plus de 50 films et sitcoms. Sa renommée est surtout assurée par l’émission RuPaul’s Drag Race, qu’il produit et présente à partir de 2009.
Un belle façade…
Avec un patrimoine personnel estimé à plus de 60 millions de dollars, RuPaul est la drag queen la plus rentable aux États-Unis. Sa richesse, il la doit en partie à son influence. Nommé parmi les 100 personnes les plus influentes du monde par le Time en 2017, Ru Paul se distingue aussi par son engagement. Il devient l’égérie de la marque de cosmétique MAC après la sortie de Super model.
La drag queen profite de son statut pour collecter des fonds qu’elle versera à Mac AIDS Fund, une association créée par la marque pour venir en aide aux personnes atteintes du Sida. Grâce à ses émissions télévisées, non seulement il devient pionnier dans le drag mais il remporte aussi 11 Emmy Awards. RuPaul n’hésite pas à briser les tabous en parlant de sexualité, de féminisme et de racisme en public. Son parcours et sa célébrité ont rendu la culture LGBT plus visible et débarrassée de certains stéréotypes.
… Qui cache quelques fissures
Bien qu’il affirme représenter « tous ceux qui ont un cœur », RuPaul fait polémique lorsqu’il déclare dans The Guardian en 2018 qu’il n’auditionnerait « probablement pas » de femme trans opérée pour RuPaul Drag Race. Pour lui, le drag « perd son sens du danger et de l’ironie dès lors que ce n’est pas des hommes qui le font ». Des propos qui interrogent la tolérance et les limites de la fameuse drag queen. La même année, lors de la cérémonie des Emmy Awards, il est à nouveau critiqué pour son équipe de production majoritairement composée d’hommes blancs. Parmi la communauté LGBT et le milieu du drag, l’émission RuPaul Drag Race ne fait pas l’unanimité. Elle est jugée par certains comme n’étant pas assez représentative de la réalité et des difficultés du drag. Même en se prônant chef de fil d’un mouvement de tolérance et d’amour, RuPaul affiche ses limites.